noticia9Qu’est-ce qui s’est réellement passé le 24 février 2013 à Addis-Abeba ? Comment en est-on arrivé là ? Qu’en est-il des intérêts de la République démocratique du Congo ? C’est à ces questions que le gouvernement a répondu au cours d’une conférence de presse animée hier mercredi, conjointement par Raymond Tshibanda et Lambert Mende, respectivement chef de la diplomatie et porte-parole. Ils ont tenu à recadrer le débat en soulignant qu’à Addis-Abeba tout a été fait dans l’intérêt de la RDC et du peuple congolais.
La signature le dimanche 24 février 2013 à Addis-Abeba de l’accord-cadre de paix et de stabilité en République démocratique du Congo a suscité des commentaires en sens divers dans l’opinion congolaise. Il était du devoir du gouvernement de recentrer le débat en vue de donner toute la lumière sur cet accord, censé ouvrir grandement la voie pour une paix durable dans l’Est de la RDC.

Les défis à relever

    C’est à cet exercice que s’est livré hier mercredi 28 février le gouvernement, au cours d’une conférence de presse animée conjointement par Raymond Tshibanda, chef de la diplomatie congolaise, et Lambert Mende, porte-parole du gouvernement.

    D’entrée de jeu, Raymond Tshibanda a annoncé les couleurs. Il s’agit, selon lui, de rendre compte à l’opinion de « ce qui s’est passé réellement à Addis-Abeba ». C’était donc une démarche pédagogique pour apaiser l’opinion, et surtout, dissiper tout malentendu dû aux rumeurs de tous genres qui circulent au sein de l’opinion congolaise.

    Raymond Tshibanda a fait savoir qu’avec l’accord-cadre d’Addis-Abeba, « c’est une étape majeure qui a été franchie » dans la résolution de la crise dans l’Est de la RDC. Selon lui, dans sa forme, tout comme dans le fond, cet accord vise à « créer les conditions d’une solution définitive aux crises à répétition dans l’Est de la RDC ». Cet accord, a laissé entendre Raymond Tshibanda, n’a pas été imposé mais négocié au mieux des intérêts de la RDC et des populations congolaises.

Les étapes de l’Accord-cadre

Aussi, sans détours, le chef de la diplomatie congolaise a-t-il affirmé que la signature de l’accord-cadre à Addis-Abeba est « une étape majeure qui a été franchie », dès lors qu’il s’agit de « créer les conditions d’une solution définitive à la crise à répétition dans l’Est de la RDC ».

    Sur les engagements, il a dit que la RDC va « continuer et approfondir la réforme du secteur de la sécurité, en particulier en ce qui concerne l’armée et la police ; consolider l’autorité de l’Etat, en particulier dans l’Est de la République démocratique du Congo, y compris en empêchant les groupes armés de déstabiliser les pays voisins ; promouvoir le développement économique, y compris au sujet de l’expansion des infrastructures et de la fourniture de services sociaux de base ; promouvoir la réforme structurelles des institutions de l’Etat, y compris la réforme des finances ; et promouvoir les objectifs de réconciliation nationale, de tolérance, et de démocratisation ».

    « Qu’y a-t-il d’extraordinaire ? La réforme su secteur de la sécurité ? C’est en cours. La décentralisation ? La RDC y est déjà engagée. Qu’on me cite un seul engagement nouveau pour la RDC », a indiqué Raymond Tshibanda tout en insistant qu’« il n’est pas dit dans l’Accord-cadre qu’un Etat extérieur va intervenir dans le mécanisme de suivi national (de la RDC) ».

    Selon lui, les engagements inscrits pour le compte de la RDC ne sont pas en négation avec la souveraineté du pays : « Tous les engagements de la RDC s’inscrivent dans le schéma de la vision du chef de l’Etat ». De ce point de vue, pour le gouvernement, l’accord-cadre devait servir de « déclencheur » pour une action de grande envergure au niveau du Conseil de sécurité des Nations unies.

    « Face à la RDC, il y a la région. On dit qu’on a tout demandé à la RDC, on n’a rien demandé aux autres. En comparant les deux types d’engagements, vous noterez qu’aux 6 engagements de la RDC, la région en a 7. Où est le déséquilibre en défaveur de la RDC ?», a-t-il fait remarquer à la presse.

    « Aux autres, il est demandé un changement de politique, un changement de leur comportement, de leur attitude. Pour la région, selon l’Accord-cadre, un engagement est renouvelé à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des autres Etats voisins ; ne pas tolérer, ni fournir une assistance ou un soutien quelconque à des groupes armés ; respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des Etats voisins », a-t-il indiqué.

    Il a également évoqué l’engagement de la communauté internationale, dont le Conseil de sécurité qui « resterait saisi de l’importance d’un soutien à la stabilité à long terme de la République démocratique du Congo et de la région des Grands Lacs », ainsi que « la nomination d’un envoyé spécial des Nations unies pour soutenir les efforts pour trouver des solutions durables avec un plan à plusieurs volets qui permettra la convergence de toutes les initiatives en cours ».

    A la question de savoir « comment y arriver ? », Raymond Tshibanda répond que l’Accord-cadre poursuit l’objectif de « mettre face-à-face tous les protagonistes ; d’une part la RDC et, en face, les pays voisins et la communauté internationale (CIRGL, UA, ONU) qui veillera sur son application ».

    Pour sa part, le ministre des Médias et porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a déclaré que « l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération signé à Addis-Abeba, ainsi que tous les autres engagements internationaux auxquels le président de la République, chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange a souscrit, ont été négociés et conclus au nom et dans l’intérêt du peuple congolais qui lui a confié un mandat de garant de la souveraineté du pays, conformément à la Constitution de la République ».

    « Les seuls bénéficiaires dont il faut se soucier dans l’analyse de ce texte sont en premier et dernier ressort les populations congolaises martyrisées par une guerre qui dure depuis 1998. Rien dans ce qui se met en place dans ce cadre ne peut dès lors s’écarter du cadre de ce mandat populaire reçu par le président Kabila du peuple congolais en 2006 et renouvelé en 2011 », a-t-il souligné avant de qualifier d’« exaltés » ceux qui voient dans cet accord une preuve de bradage de la souveraineté de la RDC.

Le Conseil de sécurité bientôt saisi

    L’accord-cadre d’Addis-Abeba n’aurait de sens que s’il est suivi de sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies. Même si un mécanisme de suivi, à la fois national et régional, a été prévu dans l’accord pour en garantir la réussite, le Conseil de sécurité devait inévitablement avaliser cet accord pour en donner plus de consistance. Ce qui pourrait être fait le 5 mars prochain, a annoncé Raymond Tshibanda.

    « Le secrétaire général des Nations unies présentera l’Accord-cadre au Conseil de sécurité le 5 mars prochain en vue de la prise en charge de la crise au Nord-Kivu dans toute sa globalité », a-t-il dit avant d’ajouter que c’est aux termes d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies que devraient être formalisés la création d’une brigade spéciale d’intervention, le renforcement du mandat de la Monusco et la prise en charge des questions sécuritaires dans la région des Grands Lacs pour neutraliser « toutes les forces négatives, dont le M23 ».

    « L’Accord-cadre est intéressant à plus d’un titre, parce qu’il est le premier document dans la gestion de la crise actuelle qui fait sortir la vérité selon laquelle le problème de fond n’est pas un problème interne à la République démocratique du Congo (puisque) c’est une agression. Sinon, il n’y aurait pas d’engagements pour d’autres pays de la région », a-t-il expliqué. Cet accord est, à son avis, « un déclencheur qui permettra de créer une brigade d’intervention rapide intégrée au sein de la Monusco, dotée d’un mandat d’imposition de la paix et d’un matériel sophistiqué ».

    A ce propos, le chef de la Monusco, Roger Meece, a alerté vendredi 22 février à New York le Conseil de sécurité de la détérioration continue des conditions de sécurité dans l’Est de la RDC, plaidant pour un renforcement des moyens militaires accordés à ses Casques bleus. Il a placé « beaucoup d’espoirs dans deux initiatives majeures qui auront un impact direct sur les activités de la Mission : l’ajout de drones aux capacités de surveillance de la Monusco ainsi que d’une brigade d’intervention dont le mandat irait au-delà des mandats traditionnels de maintien de la paix de l’ONU ».

    « Une telle composante, selon Roger Meece, est indispensable pour créer les conditions nécessaires à obtenir de toutes les parties les engagements permettant la réalisation d’une paix durable ».

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