Menée tambours battant, la réforme des entreprises publiques est une perte sèche pour le Trésor public. Abordée avec suffisance, mal initiée, au bilan, le résultat est un nain. La stabilité tant escomptée n’a pas été au rendez-vous.   Canards boiteux, les entreprises publiques ont vu leur handicap se corser, malgré près de 200 millions USD investis dans l’opération confiée au Copirep, une inspiration de la Banque mondiale. La marmite a déjà atteint le fond au 30 juin 2014. La désillusion est totale !

Rien de nouveau sous le soleil après le long et couteux processus de réforme des entreprises publiques initiées par le gouvernement Gizenga. D’inspiration de la Banque mondiale, la réforme des entreprises publiques a bénéficié, sans broncher, d’un financement de 180 millions USD de la banque mondiale. L’objectif recherché visait de rendre fiables ces canards boiteux du portefeuille de l’Etat dans la perspective d’une libéralisation tous azimuts. Pour passer à la vitesse supérieure, le gouvernement de l’époque a initié le processus de transformation, comme étape cruciale de la réforme. Une vingtaine de ces entreprises publiques ont changé de statut pour devenir des sociétés commerciales, avec l’Etat comme unique actionnaire. Un monstre sur le plan juridique, d’autant plus que la loi des sociétés en RDC voudrait que les SARL soient constituées de sept actionnaires. D’autres ont été faites établissements publics et d’autres encore ont été transformées en services publics. Pour le commun des Congolais, tous ces changements d’appellation ne signifient rien tant qu’ils ne trouveraient pas satisfaction des services attendus de ces sociétés étatiques. En lieu et place d’aligner désormais des performances après leurs transformations, ces entreprises sont plus décevantes qu’avant. Elles sont demeurées des biens sans maître.

TONNEAUX DES DANAÏDES
Après avoir financé à hauteur de 120 millions USD la réforme dans sa première phase, la Banque mondiale s’est voulue avant-gardiste pour la RDC. Une bagatelle qui a été engloutie sans un résultat palpable. Sans lâcher prise, l’institution financière internationale a encore délié le cordon de la bourse dans une générosité à nulle autre  pareille afin de parachever l’œuvre ainsi entreprise : 60 millions USD. Au total, 180 millions USD accordés à cette réforme n’ont produit que du menu fretin. La Régideso, la SNEL, la Sonas, l’ex Onatra, la SNCC, …, sont loin de satisfaire aux attentes des usagers.
D’ailleurs, la situation est allée de mal en pis.  Le bilan de la gestion des entreprises qui ont servi de cobaye a plus que déçu. Gestion opaque et hassardeuse. L’ex-Onatra conduite par Progosa, la SNCC gérée par Vecturis et la RVA sous la gestion ADPI-KPMG ont suivi le même cheminement que la Gecamines avec Sofreco.
En termes d’assainissement, le résultat a mis en évidence le caractère superficiel de l’opération portée à bras le corps par la Banque mondiale et le gouvernement. Les 180 millions USD de prêts, bien qu’au taux préférentiel, demeurent une perte sèche pour la République. Dans quelques décennies, les générations futures mettront la main à la poche pour rembourser cette dette qui n’aura servi à rien d’autre qu’à la satisfaction des intérêts inavouables de ceux qui ont conduit le processus. L’imperméabilité qui les avait caractérisés ne peut que justifier une opération aux relents de prédation avérée.

DES SANCTIONS
Aucune discussion n’était possible face à la marche à pas forcé dictée par la locomotive de la réforme. Faudrait-il qu’une rallonge soit accordée à ces tonneaux de danaïdes pour qu’enfin les entreprises étatiques quittent leur statut de canards boiteux ? Là est toute la question.
Il est désormais acquis que la République s’est inscrite sur la voie de l’impunité pour une catégorie d’infractions et de personnalités. Aussi, en d’autres circonstances de temps et de lieux, tous les acteurs de la réforme des entreprises publiques auraient du subir des sanctions appropriées.
La Banque mondiale, qui a joué à fond sa partition dans ce concert d’achèvement des moribondes que sont les entreprises étatiques, répondra un jour devant l’histoire sur ses choix stratégiques à ce sujet. Reconnaitre à voix inaudible l’échec de la réforme des entreprises publiques ne dédouane pas son inspiratrice à travers le Projet compétitivité et développement du secteur privé. L’ex directrice des opérations de la Banque mondiale, Marie-Françoise Marie Nelly avait soutenu, pince sans rire, que la réforme telle qu’elle était menée par le gouvernement était un cuisant échec sur tous les plans. On croirait rêver !
Quand aux acteurs congolais, tout leur est enlevé en matière de conduite des réformes complexes. La suffisance affichée s’est dégonflée comme un ballon troué. En plus de rembourser les sommes indument perçues, une interdiction d’exercer des fonctions de la même envergure durant plusieurs années. Un principe prudentiel appelé à servir de paravent contre toute entreprise de prédation en République démocratique du Congo.

Sourcehttp://www.lepotentielonline.com/index.php?option=com_content&view=article&id=9242:reforme-des-entreprises-180-millions-usd-en-fumee&catid=85&Itemid=472

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